L’Edito – Mai 2025
VERS UNE ÉGLISE SOURCE
En Juillet 2004, le journaliste Jean Boissonnat s’exprimant devant l’Académie des Sciences religieuses et morales disait : « Le christianisme a cessé d’être un cadre pour les Européens : un ensemble de règles, d’institutions, de valeurs enseignées obligatoirement à tous. Mais si ce n’est plus un cadre, cela reste une source. Comment la repérer et s’y abreuver pour ceux qui le souhaitent ? » Nous sentons bien les uns et les autres qu’une certaine forme d’Eglise a vécu.
Une Eglise disparaît, que j’appellerais – tout au moins au sein du protestantisme luthéro-réformé – une Eglise de situation acquise. Une Eglise qui pouvait compter sur la reproduction génétique de son corps pastoral – les pasteurs étaient souvent des enfants ou des petits-enfants de pasteurs – et la transmission par les baptêmes et confirmations.
Le mouvement de l’histoire démontre qu’en matière spirituelle comme en bien d’autres domaines, aucune situation n’est acquise. Aucune tradition n’est éternelle. Nulle Eglise n’est propriétaire de ses fidèles. Les Eglises comme les civilisations sont mortelles !
PAR QUELLE FORME D’EGLISE remplacer celle qui est en train de disparaître ?
Comment définir une Eglise source ?
C’est une Eglise qui tient par son centre, c’est à dire par ce qui la constitue en tant que source : la clarté de son message et la force de sa tradition.
C’est une Eglise qui joue le rôle de repère (comme la lampe du sermon sur la montagne).
Une Eglise qui se fixe pour tâche concrète d’être un instrument au service de la vie spirituelle de quiconque s’adresse à elle.
Dès lors la question est de savoir comment entretenir cette source de manière suffisamment audible et visible pour que quiconque ait soif puisse la repérer facilement ?
Pourquoi ne pas s’inspirer d’un conseil que le publicitaire français Jacques Séguéla donna un jour à un journaliste protestant qui l’interrogeait : « les protestants doivent faire ce qu’ils savent faire, le faire bien et le faire savoir ».
Remettre au cœur de notre vie d’Eglise et examiner chacun de ses projets à l’aune de quatre notions qui peuvent lui permettre de renouer avec l’Eglise-source.
1/ Sola scriptura : La Bible seule, miroir de l’Etre, source d’aventure spirituelle et intellectuelle, sujette à interprétations inépuisables… Revaloriser notamment la prédication, le travail biblique (actualisation/appropriation).
2/ Sola fide : La foi seule, ou comment apprendre le courage de vivre et le souci de l’autre, sans soumettre la démarche de foi à une adhésion synonyme de conditionnements…
3/ Témoignage intérieur du Saint Esprit : pratiquer la liberté spirituelle et intellectuelle qui affranchit des pouvoirs humains et des idoles de toutes sortes et qui parfois/souvent nous entraine à contre courant des effets de surface et de mode. Quand l’Esprit parle, ce n’est ni à des bâtiments, ni à des lieux de culte, ni à une institution mais à des communautés humaines rassemblées.
4/ Communauté
L’Eglise ce sont des personnes qui se rassemblent pour vivre une communion fraternelle dans la prière, l’écoute de la Parole, le partage du repas du Seigneur, de repas communautaires et d’engagement solidaire.
C’est toujours au milieu de ces assemblées aussi petites soient-elles que le Seigneur se tient. Que notre paroisse ne cesse d’être Eglise-source !
Pasteure Leila Hamrat

